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Victor Demarquoy (1930-2015)– dans l'ombre de Calder, Chagall, Giacometti, Miro… sous la bienveillance de la Fondation Maeght - Inédit

Dernière mise à jour : il y a 16 heures

Eric Demarquoy, mémoire vivante d'une période où l'art contemporain est émergent, ne tarit pas de paroles quand il parle de son père et de son enfance à ses côtés. Nous sommes dans les années 1960, période où Demarquoy côtoie les plus grands artistes de l’art contemporain et collabore à leurs créations.



J'ouvre une parenthèse sur cet étrange personnage qu'est Victor Demarquoy et dont on ne parle guère malgré ses implications dans la réalisation d' oeuvres majeures d'artistes de renommée inconditionnelle. Maeght voulait faire de Victor un artiste contemporain ! Convaincu de son talent... il avait un désir profond de révéler les capacités créatives de cet homme au savoir-faire indéniable.


 

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Victor Demarquoy à 75 ans



Victor Demarquoy est né dans le Pas de Calais à Levin dans la pauvreté.

Il n’a pas pu faire de longues études et très jeune, après avoir obtenu son certificat d'étude, il devient mineur de fond en 1944. Un travail d’une rudesse qu’on ne peut imaginer. Alors qu'il descend dans la mine, il ressent une puissante attirance et un goût omniprésent pour le travail du fer et du métal. Il travaille à la mine quelques années et refait surface pour suivre une formation dans un domaine qui le passionne, la ferronnerie. Il obtient un CAP de forgeron ajusteur en 1948.


Avec une poignée d’économie, il quitte le Nord de la France et va vivre chez sa soeur dans les Alpes Maritimes au moment des grèves de 1948. ll trouve alors un travail comme ouvrier soudeur chez Laporte à Antibes.


En 1953 Victor ouvre son atelier de ferronnier d’art Avenue du Pylône à Antibes. 


Présenté à Aimé Maeght, par un ami pépinièriste de Vallauris, il est pris en sympathie par ce dernier qui va lui confier des travaux dans sa propriété de St Paul de Vence. La confiance s'installe entre les deux hommes et Maeght l'invite à collaborer à la réalisation du Musée de la Fondation destinée à accueillir des œuvres dessinées par les plus grands artistes contemporains.


En 1985 les Etabllissements Demarquay emploient 35 employées. Mais le marché prend un tournant et les commandes se font rares. C'est cette année là que l'entreprise, devenue ingérable, ferme définitivement ses portes.


La modestie de Victor est notoire. Il doutait de lui et de ses capacités créatives. Il a cependant pris de l'assurance quand son entreprise a pris de l'essor.  Il est parfois cité dans la littérature pour des réalisations pour Giacometti et Miro entre autre.


Les Maeght

Aimé et Marguerite Maeght ont consacré leur vie à l'art contemporain avec foi et fulgurance. Rien ne prédestinait Aimé Maeght à devenir une des figures majeures de la scène artistique mondiale. La famille Maeght habitait au "Mas Bernard" à St Paul de Vence, près de la villa "Les collines" des Chagall.




Victor a écrit de sa plume "Monsieur Maeght Aimé a été pour moi mon mécène et mon Dieu que j'ai toujours Aimé et j'ai souvent prié pour lui". La tragique disparition de Bernard Maeght leur fils de 13 ans fait partie des épreuves de la vie de ce couple tant adulé.

Marguerite Maeght appelait Totor, le Victor pour qui elle avait becauoup de sympathie.



"La fourche" de Miro


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Au coeur du chantier dans les jardins de la Fondiation Maeght

"La Fourche" Ht 5m

Gigantesque réalisation de Joan Miro 1963

En premier plan de gauche à droite : Joan Miro, Victor Demarquoy et Joan Gardy Artigas (fils du céramiste) En second plan le personnel de l'Atelier V. Demarquoy et les jardinniers de la Fondation Maeght


C'est dans ce contexte des années 1963 que Maeght demande à Joan Miro une réalisation gigantesque en partant d’une fourche espagnole en bois mesurant 2 mètres que Miro avait ramené d'un séjour en Espange. C'est entouré d'artisans emplis d'enthousiasme que Miro a dessiné la maquette de cette gigantesque sculpture. L'artiste a désigné la base "Totem" qui par la suite a pris le nom de "Flèche". Cette base a été rehaussée permettant ainsi de surélever la sculpture que Maeght trouvait trop petite. La sculpture définitive est exposée à la Fondation Maeght et mesure 5 mètres de hauteur. L'oeuvre complète, après avoir été disignée sous le nom de "Girouette" par Maeght, devient "La Fourche". 



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Maquette de "La fourche" de 3 mètres de hauteur dessinée par Joan Miro et réalisée par Victor Demarquoy. La fourche est en bois. Cette photo date de 1994 et la fourche a été vendue chez Sotheby's fin 1987.






Monsieur Maeght voulait cette sculpture plus imposante et a refusé le projet. Il a fallut rajouter deux mètres de plus pour obtenir le résultat définitif.


 


La maquette de "La fourche" a été acheté par Daniel Lelong, célèbre galeriste d'art moderne et contemporain qui a été directeur de la galerie Maeght jusqu'en 2012.

Lelong est décédé le 4 juin 2025 à l'age de 91 ans.

Le fils de Victor a entendu dire que la maquette avec la fourche en bois était exposée en Espagne, peut être à Barcelone ou Palma de Majorque  !




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La fourche en fer forgé et bronze trône dans les jardins de la Fondation Maeght, parc de sculptures Le Labyrinthe, lieu culte de l'art contemporain.


A propos de cette réalisation, Eric Demarquoy m'a raconté des anecdotes liées à l'installation de la girouette qui a été une véritable épopée.





le portail de Chagall

Très estimé et reconnu dans la région, Victor Demarquoy est présenté par Maeght au peintre Marc Chagall qui lui confie la réalisation du portait d'entrée de sa villa La Colline à Saint-Paul de Vence. A la fin des travaux Chagall lui demande de choisir une toile parmi ses oeuvres exposées dans le salon.

Un peu embarrassé... Victor lui dit qu'il préfèrerai être payé pour son travail !


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Villa La Colline construite en 1966 (ébauche)

La villa appartient à un particulier.



la rencontre avec le Shah d'Iran


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Visite de l'Impératrice Farah Pahlavi à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence en avril1974







Le Shah d'Iran, Mohammed Reza Pahlavi, était un ami proche de la Famille Maeght. Aimé Maeght qui  ventait les mérites et qualités de son homme de confiance à son ami Pahlavi, lui a présenté Victor lors de la visite du couple à St Paul de Vence.

C'est alors que le jeune Eric entendait son père discuter... il tendit l'oreille pour ne rien perdre de la conversation. Ce qu'il venait d'entendre l'inquiéta profondément.


Il fallait apporter une réponse au Shah d'Iran Pahlavi qui avait proposé au Ferronnier d'art de venir vivre en Iran avec sa famille pour occuper des responsabilités de haut niveau avec des revenus incroyables et une prise en charge totale de sa famille.


Evidemment s'était très tentant pour Victor qui devait prendre une grave décision en quittont ses racines, son pays, ses amis et un peu sa liberté !

Il renoncera en accord avec sa famille à s'expatrier. Finalement Victor ne souhaitait pas autre chose qu'une vie simple, une vie à plein temps dédiée à sa famille et à sa passion du travail du fer et des métaux.




Les chaises de la fondation Maeght


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A la demande d’Aimé Maeght, la chaise Maeght, dessinée par Diego Giacometti, a vu le jour en 1963. Victor Demarquoy a réalisé le bâti en fer forgé et Diego a sculpté les motifs et éléments en bronze que Victor a brasé sur le fer forgé. 

La chaise Maeght qui avait des pieds en fer forgé droits de section carrée a été "corrigée" à la demande d'Aimé Maeght qui a pris conscience que les pieds allaient rayer le sol. 



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Maquette de l'embout en antimoine du pied de la chaise Maeght


La chaise Maeght



Alors Diego a sculpté sur place "la Maquette" (c'est à dire l'épreuve) de l’embout du pied à emboiter que Demarquoy a fabriqué dans un alliage de plomb et d'antimoine. Les autres chaises avaient des pieds en bronze.


Eric Demarquoy rajoute « Mon père qui était Ferronier des Maeght puis de la Fondation a réalisé la partie fer forgé des chaises et les autres pieds suivant le modèle de Diego Giacometti. Mon père a gardé ce pied Maquette en souvenir de Diego qui le lui avait offert avec le consentement des Maeght, jusqu’à son décès, en 2015»





les statues d' Alberto Giacometti

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Avec Diego et Alberto, Demarquoy a patiné les célèbres statues "L'homme qui marche", sculptures grandeur nature.


En 1964 les statues en bronze (35 pièces) étaient exposées pour la plupart à l'extérieur de la Fondation, dans un espace non clôturé. Quand l'assureur a vu ça, il a exigé que les statues soient fixées dans du béton. Demarquoy a réalisé les plots de béton pour immobiliser les précieuses statues géantes sans les modifier.


Quelques années plus tard les statues ont été installées à l'intérieur.




"L'homme qui marche" Giacometti





oeuvres de Victor Demarquoy dans les années 1960-1980

Victor a dessiné et réalisé quelaues pièces d'artistes qui s'inscrivent dans une modernité durable.




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Coll privée



Sculpture abstraite "Vase" signé VD - Dessin et réalisation : Victor Demarquoy, c1970


Aluminium anodisé - Réalisé initialement pour le décor de la boutique Dior de Cannes. Elles n'ont pas été présentées et sont restées avec le statut de prototype car non commercialisées.

Créés en 3 tailles : 21,5 cm 27 cm et 32 cm et en une dizaine d'exemplaires pour chaque hauteur.






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Coll privée


"Radiographie d'un brouette" Ossature d'une brouette conçue pour la décoration de jardin


Fer forgé - Pièce unique signée VD Dessin et réalisation : Victor Demarquoy c1960


La "brouette" a été conçu pour recevoir des pots de fleurs. "Mon père l'avait fabriqué spécialement pour ma grand-mère qui adorait les fleurs". A noter que l'aspect "décomposé" de la roue avant est une volonté de l'artiste . Dimensions : L 90 cm, H 45 cm, largeur de 20 à 37 cm Poiids 2,15 kg.








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Coll. privée

Papillon "Ombre chinoise" Fer forgé patiné - Pièce unique

Dessin et réalisation : Victor Demarquoy





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Dessus en céramique de la table

Coll Eric Demarquoy


Table de salon réalisée par Victor Demarquoy pour Aimé et Marguerite Maeght. Années 1960


Victor n'a finalement pas osé leur apporter cette table en raison du plateau qui représentait des personnage dénudées. Eric ne sait pas qui a réalisé la garniture en céramique du plateau et ses parents ne sont plus là pour répondre à ses questions. Probablement un céramiste de Vallauris m'a t-il dit !



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Détail d'un pied

en fer forgé












Demarquoy et sa passion pour le nautisme




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Le Spondyle Club de Juan les Pins 1967

A gauche le Président du club, Daniel Mercier, bien connu dans le monde de la plongée, Fondateur du Festival mondial de l'Image sous-marine (1974).

Accroupi devant : Victor Demarquoy

 

Victor a côtoyé les premiers plongeurs sous-marins de l’équipe Cousteau et du Musée océanographique de Monaco, dirigé alors par J-Y Cousteau, ainsi que Louis Lehoux, Pierre Huet, grandes figures de la plongée sous-marine. J. Y. Cousteau admiratif de son talent a confié à Demarquoy des réalisations personnalisées sur La Calypso et dans sa demeure de La Riviera. 






le manuscrit de Demarquoy

A la fin de sa vie, Eric demande à son père d'écrire sur son vécu.


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Eric Demarquoy m'a raconté pendant des heures, des anecdotes sur les célébrités de l'art contemporain qu'il a côtoyées au côté de son père. Ce serait indiscret de les rapporter intégralement, mais c'était très intéressant de l'écouter.


Lors des inondations de 2010 Eric a perdu la majorité des achives papier et photographies de son père qu'il conservait religieusement. Un déchirement pour cet homme sensible et sincère.


Je remercie Eric Demarquoy pour les informations qu'il a mises à ma disposition

et me fais un plaisir de les partager



FIN

 
 
 

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